Publié dans Economie

Président du Groupement des exportateurs de la vanille à Madagascar - « Il y a un grand bras de fer sur le marché de la vanille »

Publié le jeudi, 17 septembre 2020

Désaccord, polémique. L’Etat a fixé le prix de référence de la vanille préparée à 250 dollars le kilo à l’exportation alors qu’il est de 650 000 ariary sur le marché national. Et pourtant, la réalité semble être différente. Dans la Région de SAVA, les collecteurs achètent à vil prix l’or noir. Le kilo des vanilles vertes est négocié à 40 000 ariary tandis que celui des vanilles préparées tourne autour de 200 000 ariary. C’est dans ce sens que le président du GEVM, Georges Geeraerts nous dévoile la guerre économique qui se cache derrière le marché de la vanille. Interview.

 

La Vérité (+) : Est-il nécessaire de fixer un prix de référence de la vanille ?

Georges Geeraerts (-) : La loi de l’offre et de la demande domine sur le marché de la vanille. Il n’y a pas de cours mondial. Dans le cadre de la crise sanitaire actuelle, il est jugé préférable de fixer le prix pour éviter qu’il ne dégringole pas comme cela a été le cas par le passé. En 2003, le kilo de la vanille s’achetait à 20 dollars. Le tarif s’est stabilisé à ce niveau pendant des années. Et pourtant, notre vanille est de bonne qualité.

(+) : Du côté du groupement, est-ce que vous respectez ce prix ?

(-) : Oui, bien évidemment. J’ai acheté la vanille verte à 80 000 ariary le kilo auprès des paysans tandis que celles préparées se sont stabilisées à 650 000 ariary comme le souligne le prix de référence. Etant donné que nous nous trouvons actuellement en plein début de campagne d’exportation, différents opérateurs membres de notre groupement ont déjà reçu des réservations entre 50 à 100 tonnes de produits. Et ce, tous à 250 dollars minimum le kilo. Tout ceci pour dire que l’intervention de l’Etat est loin d’être contreproductive.

(+) : Comment peut-on expliquer cette baisse de prix sur le marché national ?

(-) : Effectivement, certains opérateurs réussissent à acquérir de la vanille à prix réduit. Quand les acteurs se trouvent dans un marché où ils ont l’impression que l’offre est supérieure à la demande, ils sont tentés de vendre la vanille moins chère pour écouler leurs marchandises. Des exportateurs jouent sur ce jeu. Ils proposent un tarif moins cher dans le but de maximiser le profit.  

(+) : Quid de la demande extérieure ?

(-) : C’est vraiment une attitude des importateurs de faire croire qu’ils n’ont pas besoin de la vanille naturelle pour semer la panique à Madagascar. A vrai dire, il y a eu énormément de procès contre certains fabricants d’arôme à cause des faux étiquetages. Ils mettent sur leur conditionnement que c’est un produit naturel or ce n’est pas le cas. Dorénavant, ces grosses sociétés vont être obligées d’acheter des vanilles naturelles. Pour garder leur marge, ils ont cette volonté de vouloir baisser le prix. Il y a un vrai bras de fer sur le marché. Mais tout ce que je peux dire c’est qu’à un moment donné, ils vont devoir accepter le prix.

(+) : A votre avis, comment va être cette campagne d’exportation de la vanille ?

(-) : Les conséquences de la pandémie sur la consommation ne sont pas encore connues. Il y a eu un regain d’intérêt pour la vanille au début de la pandémie suite au confinement car les gens cuisinent chez eux. Mais les gros clients restent les sociétés aromatiques. Ils sont encore réticents à payer à ce prix.  Toutefois, je reste persuadé que les clients ont besoin de cette vanille et qu’ils finiront par accepter notre prix. En tout cas, la vanille naturelle est encore très prisée et très recherchée sur le marché international.

Propos recueillis par Solange Heriniaina

 

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Editorial

  • Vouée à l’échec ?
    Le pays est en plein chantier d’élaboration d’une nouvelle Stratégie nationale pour la lutte contre la corruption (et l’impunité), la SNLCC. Celle qui est en vigueur arrivera à son terme à la fin de l’année en cours après dix ans de mise en œuvre dans la bataille contre cette « ennemie » apparemment imbattable. Mise en selle en 2014, la SNLCC actuelle finira sa course incessamment. Mi-figue, mi-raisin, le bilan de la décennie de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption balance entre un échec et une réussite. Le Comité pour la sauvegarde de l’intégrité (CSI) se trouve dans l’embarras pour traduire la situation exacte. Sahondra Rabenarivo, la présidente du CSI, déplore plus d’une fois l’existence de certains facteurs de blocage dans le processus normal de la lutte contre la corruption. Il existe un dysfonctionnement perçu comme un frein au bon déroulement du système de lutte contre la corruption.

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